dimanche 18 juin 2006

[GoDDamn City] Rencontre nocturne à GoDDamn City.

Le sergent Wilbur mit en joue l'homme, qui, effrayé, voulut s'enfuir. Mais le policier n'eut qu'à effleurer la détente pour que sa tête explose telle une pastèque. Les nouveaux fusils, dont Zantafio avait doté ses troupes, étaient efficaces, bien trop, à mon humble avis.
Qu'avait fait le contrevenant pour être ainsi sommairement exécuté ? Rien ! Il marchait tranquillement, mais pour son malheur, il avait croisé cet officier, qui s'ennuyait.
Je ne vais pas pleurer sur ce corps. Ce n'était pas un saint. Antoine Painrape, membre d'un gang qui confondait femme et sac de frappe et ne s'embarrassait pas de leur consentement pour coucher avec elle. Les rues s'en porteraient bien mieux sans lui, mais ce n'était pas une raison pour que la Camarde l'embrassa ainsi.
Le sergent Wilbur ne comprit probablement pas ce qui arriva par la suite. Il vida son chargeur sur la forme noire qui fondit sur lui. Si le fusil était parfait pour faire exploser le crane des quidam, il semblerait qu'il fût moins efficace contre un ange de la vengeance. Je ne m'en étais pas tiré indemne certes, mais ces quelques blessures n'étaient rien comparées aux lignes rouges dessinées par mes griffes dans la gorge de ma victime. Il n'avait pas encore expiré que mes ailes m'avait de nouveau ramener sur le toit du gratte-ciel, du haut duquel je veille sur GoDDamn City et auxiliairement où j'attends mon contact.
J'avais attaqué le policier sur un coup de tête, mais je n'avais pu me retenir et un agent de Zantafio Tartagueule de moins, c'est toujours cela de pris !
Excusez-moi, je manque à tout mes devoirs. Je ne me suis pas encore présenté. On me nomme ArChangel, justicier protecteur de la ville pour certains, ennemi public numéro un selon d'autres, juste une personne éprise de justice et de liberté, dévorée par la douleur et le besoin de vengeance, si vous voulez mon avis.
Vous ressemblez vraiment à une gargouille,’ fit une voix dans mon dos. Exxora, une prostituée sous la coupe de Roger HottyPants, le proxénète le plus puissant de la ville. Je l’avait senti arriver depuis quelques minutes déjà. Elle portait sa cascade de feu en un chignon qui mettait en valeur ses yeux de jade. Sa robe était simple et, chose dont je lui suis gré, elle avait fait disparaître toutes traces de stupre de son corps.
Mais elle n’avait pas tort. Sous la lueur de Diane, - Ô belle Diane, ma confidente, mon amie – on pouvait facilement me confondre avec les statues qui constellaient les façades des bâtiments. Ailes de corbeau dans le dos, mains et pieds griffus, corps pourpre couvert de veines vermeilles, tête chitineuse aveugle couronnée de cornes, je suis un monstre.
Vous est en retard, Miss,’ me contentais-je de répondre.
Mister HottyPants voulait faire une inspection de son business,’ expliqua-t-elle. ‘De manière approfondie.’
Pas la peine qu’elle en rajouta, j’avais bien compris ce qu’elle voulait dire, mais cela ne me concernait pas ou du moins, je ne pouvais rien y faire. Tout ce que je voulais pour l’heure, c’était les informations qu’elle m’avait promises. Bien que sa profession me rendait malade, je ne pouvais que reconnaître sa nécessité à l’hygiène publique, même si je trouvais les belles de nuits de plus en plus omniprésente dans les rues de GoDDamn City, et son utilité pour la lutte contre les diables du genre de Zantafio Tartagueule et de Roger HottyPants.
Les données, ce soir-là, concernaient le nouveau complexe de traitement de kryptonium installé dans les quartiers ouest de la ville. On avait beau nous vanter cette énergie comme renouvelable et propre, je m’en méfiais au plus haut point, probablement parce qu’elle était contrôlé par Zantafio, et que son âme, plus noire que celles de Lucifel et Belzebuth réunis, est incapable d’un quelconque acte altruiste. J’étais certain que le nain nous cachais quelque chose et j’étais bien décidé à découvrir quoi. Dès le lendemain, j’irai voir ce qui se passait là-bas, à moins d’y envoyer quelques uns de mes agents.
J’ignorais comment elle avait obtenues tout cela, ou plutôt je n’avais pas envie de le savoir, mais le dossier était des plus complet : Plan du complexe, codes de sécurité, fiches de personnel. Tout cela auraient donné lieu à un épais dossier, si cela avait transcrit sur papier, mais les progrès avaient réduit cela tout cela à une disquette tenant au creux de ma paume. Je me demande comme faisaient les super-héros avant la miniaturisation des supports de données. Avez-vous, personnellement, déjà vu un héros avec des poches ? Et se déplacer avec une sacoche, ce n’est pas des plus esthétiques et veuillez me croire, le style importe autant, si ce n’est plus, que les pouvoirs pour la réputation d’un super-héros.
Le disque serré dans mon poing, je n’avais plus de raison de rester. Pour notre sécurité respective, il était préférable que l’on ne s’attarda pas trop ensemble et risquer d’être vu. Pour elle, cela signifierait la découverte de son statut d’agent de la Liberté et donc une mort immédiate. Pour moi, ma réputation aurait été quelque peu altérée si on avait su que je fréquentais des courtisanes. Certes il n’y avait rien entre nous, même si je l’avais connu, en un autre temps, un autre lieu et sous un autre nom. Un coup fourré de HottyPants, qui me l’avait mise dans les pattes, ce fut la seule fois que j’ai abusé de la confiance de S. Les charmes d’Exxora étaient tels qu’il m’avait été impossible de leur résister, aveuglé, que j’étais alors, par la douleur.
Je fis une révérence pour prendre congé et me laissa tomber dans le vide. Je restais ainsi quelques secondes, dos tourné vers le sol, laissant le vent m’envelopper avant de déployer mes ailes et de prendre mon envol. Pure fanfaronnade de ma part, à mettre sur le compte de cette attirance malsaine que je pouvait ressentir pour la belle de nuit.
En quelques coups d’ailes, je m’étais fondu dans la voûte céleste et put rejoindre, sans crainte d’être aperçu, le quartier de Daemon’s heights, au nord de la ville. Havre de paix, hors du contrôle de Zantafio, de Mister HottyPants et leur alliés, dominé par le manoir Bondouffle.
Je me glissais dans le bâtiment par la porte-fenêtre de la bibliothèque du troisième étage restée ouverte. La rotonde et ses vieux livres réveillèrent de vieilles peurs et des douleurs trop vives. Mes hurlements durent résonner jusqu’aux sous-sols. Je me retrouvais à genoux à lacérer les dalles pour faire taire la souffrance, mais elle alla grandissante. Mes griffes se brisèrent sur le marbre froid. Mes ailes se tendirent à l’extrême comme si des crochets s’y étaient plantés et tentaient de me les arracher. Mon corps fut pris de spasmes. Et je perdis conscience.
Lorsque je revins à moi, je baignais dans un mare de mon propre sang, lové dans du fil barbelé. Un homme d’un cinquantaine d’année se tient au dessus de moi, un peignoir en main.
‘La nuit a-t-elle été particulièrement violent, Sir ?’ me demanda-t-il, m’aidant à me lever.
‘Non, Aurelianus,’ dis-je, enfilant le vêtement qu’il me tendait. ‘J’ai été seulement surpris par la violence de la métamorphose.’
Je récupérais la disquette couverte du sang coagulé, en espérant qu’elle fonctionnerait encore, avant de suivre mon majordome pour prendre mon petit déjeuner. En passant, mon regard croisa une vieille photo, du temps du bonheur, d’avant la prise de pouvoir de Zantafio. Lady Sabrina et nos deux fils, Nathanaël et Donatien, riaient entourant un version de moi-même plus souriante et bien moins fatiguée que maintenant.
Je ne suis pas certain qui vous aimeriez ce que je suis devenu, ce monstre dévoré par la haine et le chagrin, mais je vous jure, à vous que j’ai aimé plus que j’avais aimé quiconque, que je vous vengerai. Alors j’enterrerai ArChangel au plus profond de moi, et ne resterai plus que Lord Uriel Bondouffle.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Mais je suis pas méchant! immoral, cer(tes, mais méchant, non! :)